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Comme souvent dans les récits de Joseph Mitchell, il ne se passe pas grande chose, sinon la rencontre entre les deux hommes, occasion d’un portrait de ce personnage excentrique – y compris à l’aune des critères de l’auteur, assez élevés en la matière. M. Flood se définit comme un "fruitdemerien" qui, depuis presque six décennies, n’a pratiquement rien mangé d’autre que du poisson, des langues de raie frites, de l’anguille, des palourdes, du crabe et tout ce qui est vendu au marché de Fulton Street. (Les seules exceptions à son régime, ou peu s’en faut, sont les quelques aliments dignes selon lui d’accompagner ces produits de la mer, tels que le pain beurré, les oignons et les pommes de terre au four.) Il se dit convaincu que le secret de sa longévité réside dans son régime alimentaire. Lorsque Mitchell mentionna pour la première fois son nom dans les colonnes du New Yorker en janvier 1944, M. Flood avait quatre-vingt-treize ans et sa principale préoccupation était d’atteindre l’âge de cent quinze ans. C’était bien entendu une idée absurde en soi, mais après avoir fait plus ample connaissance avec le vieux M. Flood, la plupart des lecteurs furent convaincus qu’il y parviendrait. Quoique considéré comme un joyau du journalisme littéraire, le portrait du vieux Flood relève de la fiction de tout premier ordre. Old M. Flood ou l’invention du portrait composite, et tout le reste est littérature.