Prix public : 15,00 €
Ce livre propose, à partir de l’analyse d’une série de documents provenant des fonds du Criminel génois, une approche renouvelée de la société corse à l’Époque moderne basée sur son principal paradigme : la famille comme institution politique, la parenté comme principe d’organisation de toute réalité communautaire et le parti pour structurer une société où existent des formes diverses de compétition. Dans une société agropastorale pauvre et peu monétarisée, la réputation, l’honneur deviennent un capital symbolique déterminant. Il est susceptible d’augmenter ou de diminuer comme un patrimoine. C’est un bien familial successible et que les Corses en général ont en tête de transmettre à leurs héritiers. Il peut disparaître mais aussi devenir un instrument de pouvoir. L’honneur est toujours manifesté en public : les offenses comme les réparations sont soigneusement mises en scène au vu et au su de tous. Les violences créent des contumaces et le maquis devient une extension de l’espace social. La chronique judiciaire permet de découvrir un univers de pratiques, de langages, de formes d’organisation sociale (les rapports de parenté) et de compétition politique (les partis).Or, la modernité et la maturité politiques d’une société se mesurent exclusivement à l’aune du niveau de développement d’un État central imposant à tous ses lois, ses institutions, ses rouages administratifs, sa langue. Celui-ci considère les contestations et les résistances à ses normes comme des archaïsmes et des faits marginaux et non comme des propositions alternatives. Le caractère particulier de l’État génois, un État léger pratiquement sans marine et sans armée, est qu’il propose à la société corse une administration très faible pour exercer la justice. Il est pratiquement toujours absent dans la gestion des conflits et est donc continuellement obligé de se servir de la notabilité insulaire comme auxiliaire, en offrant paradoxalement un rôle à jouer dans le domaine de la justice à un autre des vecteurs de la violence.