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Pourquoi publier aujourd’hui une méthode de solfège médiéval ? En effet, la question se pose, mais peut-on imaginer, par exemple, un pianiste qui se consacrerait au répertoire romantique sans maîtriser les connaissances solfégiques élémentaires de cette époque ? C’est pourtant le cas de beaucoup d’interprètes de musique médiévale. Faute d’outils pédagogiques appropriés, ils n’ont guère eu la possibilité d’étudier de manière approfondie la solmisation, la modalité, la notation, la musica ficta, le contrepoint et la prosodie.L’objectif de cette méthode n’est donc rien moins que de permettre à tout musicien, amateur ou professionnel, intéressé par la musique médiévale, d’acquérir, au moyen d’exercices pratiques extraits des principaux traités datant des XIIIe, XIVe et XVe siècles, les bases solfégiques nécessaires à une approche historiquement informée – comme nous disons aujourd’hui – de trois siècles de musique européenne. L’étude des sources théoriques de cette période montre une grande constante dans la pédagogie de cette discipline qui nous prouve que, si le style de la composition évolue considérablement en trois siècles, les principes fondamentaux de la solmisation demeurent les mêmes.Ces exercices sont transcrits dans la notation originale sur laquelle on peut solmiser à vue ou bien en s’aidant du tableau analytique qui les accompagne et de leur enregistrement, par les chanteurs de l’Ensemble Musica Nova, qui sert d’exemple. Ils sont précédés par un exposé clair et concis des explications théoriques nécessaires à la compréhension de la méthode fondée par Guido d’Arezzo et complétés par quelques exemples musicaux. Il s’agit de nous permettre une restitution de ces répertoires de manière aussi vraisemblable que possible – la recherche de l’authenticité n’étant qu’une utopie – en s’appuyant sur les connaissances que nous apporte la recherche.L’ensemble Musica Nova de Lyon est constitué de chanteuses et chanteurs, spécialisés dans les répertoires polyphoniques, réunis autour de Lucien Kandel, professeur à la Haute école de musique de Genève. Leur intérêt jamais démenti pour la recherche en théorie et en musicologie pratique produit des interprétations inédites grâce à des sonorités inouïes dans le sens étymologique du terme. En effet, l’ensemble ne travaille que sur les sources originales ou des transcriptions diplomatiques de ces sources réalisées par ses soins – lorsque, par exemple, les sources sont en mauvais état – à l’exclusion de toute transcription en notation moderne. Considérant l’absence de transmission directe de ces répertoires très anciens, ces paramètres fondamentaux que sont la notation rythmique, la solmisation, l’ajout de la musica ficta, la prononciation et la prosodie sont pris en compte pour établir un texte musical aussi correct que possible.