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Quand l'économiste Jean Fourastié évoque la période qui court de la fin de la Seconde Guerre mondiale au « choc pétrolier » de 1973 en lui donnant le nom de « Trente Glorieuses », sans doute veut-il faire croire en un âge d'or du capitalisme : une parenthèse dorée où la lutte des classes aurait disparu parce que chacun et chacune aurait récolté le fruit de son travail et aurait été traité à égalité. Évidemment il n'en est rien. La vie d'Hélène est là pour témoigner que toute une partie de la population n'a rien trouvé de « glorieux » dans ces années-là. Les conditions de vie des ouvriers, les logements insalubres, les violences contre les femmes, les avortements clandestins, les bidonvilles et la guerre d'Algérie : un âge d'or ? Comme des milliers de femmes avant elle, Hélène quitte sa Bretagne natale pour travailler en tant que « bonne à tout faire » dans une famille bourgeoise de l'avenue Kléber à Paris : une avenue prise pour cible dernièrement par les « gilets jaunes » tant elle représente encore de nos jours toute la provocation de l'injustice sociale. « C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches » disait Victor Hugo. Impressionnée par le faste de ce quartier huppé de la capitale et par un milieu dont elle ne soupçonnait même pas l'existence, Hélène va vite apprendre ce qu'il cache : le mépris pour « les petites mains », les abus sexuels et le racisme. Mais elle va vivre aussi les moments les plus intenses de sa vie. Trouvant le courage de résister aux principes archaïques de sa mère et à l'égoïsme de sa patronne, elle va imposer son imprévisible amour contre vents et marées. Hélène va aussi découvrir, entre bals du dimanche et pique-nique en bord de Marne, toute la richesse de l'amitié et de la solidarité féminines, véritables rayons de soleil dans un ciel d'orage et une société tourmentée. Fabienne Serbah Le Jeannic vit en Bretagne. C'est son premier roman.