EAN13
9782365123693
Éditeur
Croquant
Date de publication
10 décembre 2024
Collection
SOCIOLOGIE
Nombre de pages
400
Dimensions
22 x 14 x 2 cm
Poids
400 g
Langue
fre

Aux Origines De La Turquie D’Erdoğan., Etude Sociologique Du Foyer Des Intellectuels, Un Club Élitiste Dans La Turquie Du Xxe Siècle

Zeynep Bursa-Millet

Croquant

Prix public : 20,00 €

Zeynep BURSA-MILLET est docteure en histoire (EHESS) et ATER en science politique (Université Paris-Nanterre). Résumé: Club d’influence de droite, le Foyer des intellectuels (Aydınlar Ocağı) a doté l’État turc d’une nouvelle idéologie, la « synthèse turco-islamique » qui lui a permis de se relégitimer à l’échelle nationale et internationale après le coup d’État de 1980. Les membres du Foyer des intellectuels ont joué un rôle notoire dans la formation intellectuelle et politique des cadres de l’AKP, dont en premier lieu Recep Tayyip Erdoğan. La politique extérieure « néo-ottomaniste » d’Erdoğan au Moyen Orient, en Asie centrale et dans le Caucase puise ses sources chez ces intellectuels et dans leur doctrine. Si les membres les plus actifs du Foyer des intellectuels ne sont généralement pas directement entrés en politique, ils ont su préserver une position privilégiée de « philosophes-roi » qui leur a permis d’être omniprésents dans la vie politique, culturelle et économique turque. Le succès de ce club a résidé dans sa capacité à oeuvrer au rétablissement de l’autorité de l’Etat turc à travers une reformulation de l’idéologie officielle et l'inspiration d’une série de réformes d’envergure. Cet ouvrage propose une biographie collective des membres du Foyer des intellectuels pour comprendre comment ceux-ci se sont réunis et comment ils sont parvenus à construire dans les années 1970 et 1980 des réseaux politiques et intellectuels intégrant les dirigeants des partis politiques de droite, des universitaires et des journalistes de renom, les meilleurs espoirs de la jeunesse nationaliste, et jusqu’à des membres des forces armées et des institutions de la bourgeoisie turque. Synopsis du livre : Aux origines de la Turquie d’Erdoğan Etude sociologique du Foyer des intellectuels, un club élitiste dans la Turquie du XXe siècle. La longévité du président Recep Tayyip Erdoğan, au pouvoir depuis près de 20 ans dans une Turquie naguère marquée par une forte alternance politique, a souvent été perçue comme une énigme. Un article publié le 21 décembre 2016 dans le journal Cumhuriyet (La République), fournit cependant des éléments de réponse. D’après le quotidien, « Erdoğan doit son pouvoir à Süleyman Yalçın ». Rédigé peu après les funérailles de ce dernier, cet article cite Süleyman Yalçın (intellectuel conservateur et professeur de médecine), pour évoquer de façon métonymique tout un collectif, le Foyer des intellectuels (Aydınlar Ocağı), dont il fut membre. Né en 1954, Recep Tayyip Erdoğan s’est formé politiquement dans les années 1970, période au cours de laquelle les courants politiques de la droite turque se sont réunis autour de « la synthèse turco-islamique », la doctrine produite par le Foyer des intellectuels, fondé en 1970. Cette « synthèse » est considérée comme l’idéologie officielle d’Etat adoptée par le régime militaire après le putsch de 1980. Quant aux membres du Foyer, ils sont souvent présentés comme les idéologues ou les théoriciens de cette « synthèse ». La synthèse turco-islamique définit l’islam sunnite comme un élément essentiel de l’identité turque. La supériorité de la Turquie et sa mission protectrice de l’Islam constituent deux points essentiels de cette doctrine, dans le prolongement de laquelle entend s’inscrire Erdoğan et son parti politique, l’AKP (parti de la justice et du développement). Cette imprégnation idéologique peut être clairement observée aujourd’hui dans sa politique étrangère « néo-ottomaniste », dans son rapport avec certaines minorités ethniques, politiques et religieuses comme les kurdes, les alévis, les chrétien d’Orient, mais aussi dans sa tentative d’islamiser le social, dans ses discours nationalistes et dans sa volonté de contrôler les universités. Pour comprendre les sources de l’idéologie politique de l’AKP un retour sur le contexte politique des années 1970 et 1980 s’impose. Le coup d’Etat de 1980, considéré comme le plus violent de l’histoire de la Turquie, survient après une décennie de forte conflictualité sociale, au cours de laquelle la droite turque s’est considérablement renforcée, avec l’appui de l’Etat. Rassemblée sous le slogan « islam turc », la droite turque a patiemment tissé des réseaux au cours des années 1970, qui correspondent à la période de formation politique des cadres de l’AKP. Erdoğan et ses camarades de parti ont connu leurs premières expériences militantes dans les associations de droite des années 1970 et ils ont été formés par les membres du Foyer des intellectuels. Si des travaux universitaires font référence au Foyer des intellectuels et à sa « synthèse » pour expliquer la culture politique de l’AKP, ce club, qui est pourtant central dans l’histoire politique et intellectuelle de la Turquie, n’a jamais fait l’objet d’une étude à part entière. Notre livre constitue à cet égard l’étude la plus complète à ce jour. Notre ouvrage se veut une monographie approfondie du Foyer des intellectuels, étudié comme un groupe formalisé d’intellectuels conservateurs. Il repose sur un travail au long cours entendant dépasser l’histoire intellectuelle d’un groupe d’influence, formé majoritairement d’universitaires conservateurs, pour en proposer une véritable sociologie, permettant de mettre au jour les raisons de leur regroupement, leurs sensibilités, les moyens qu’ils mobilisent et les liens qui les unissent à divers autres groupes élitaires conservateurs. Notre livre s’inspire de la méthodologie prosopographique, dite aussi de « biographie collective ». Cette méthode permet d’aller au-delà d’une approche purement idéelle, pour sociologiser l’histoire intellectuelle et politique et dépasser les lectures partielles, qui se concentrent sur les aspects éducatifs et culturels de la « synthèse turco-islamique », sans rendre raison de la polyvalence du club et de son inscription dans de nombreux domaines de l’action publique. Ce travail permet ainsi de proposer une analyse empiriquement fondée, incarnée, et sociologiquement contextualisée du Foyer des intellectuels, mais aussi, plus largement, des rapports entre savoir et pouvoir en Turquie. Cet ouvrage possède une dimension proprement interdisciplinaire. Si la démarche historique est fortement présente, il emprunte aussi beaucoup à la science politique et à la sociologie. Il s’inscrit dans la sociologie des élites et des intellectuels, la sociologie des sciences du gouvernement et la sociologie de l’action publique. Il vise à problématiser le statut d’universitaire, la production scientifique, l’expertise, les portées et limites de l’action publique. Notre démarche repose aussi sur une pluralité de sources: entretiens non-directifs et semi- directifs avec les membres du Foyer, entretiens semi-directifs avec les acteurs politiques de l’époque, archives des personnels des universités, archives nationales d’Etat, presse, imprimés, publications, témoignages, correspondances, photographies, archives audio-visuels, et observations in situ. Selon ses statuts de 1970, le Foyer des intellectuels est un club élitiste : tous ses présidents doivent être professeurs d’université et les conditions d’adhésion sont très strictes. Dans le cadre de nos recherches, nous nous sommes concentrée sur les trajectoires de 63 membres du Foyer : les 56 membres fondateurs et les sept membres qui l’ont rejoint au cours de ses premières années d’existence. L’étude de la composition socioprofessionnelle du Foyer nous a amenée à interroger le capital culturel et social de ses membres et leur multi-positionnement dans la vie politique, intellectuelle et sociale, aucun d’entre eux n’y étant entré par hasard. Dans cette optique, nous avons toujours gardé à l’esprit la nécessité d’étudier chacun des membres de ce club en tenant compte de leur appartenance à un collectif. Cela nous a permis d’expliquer comment les membres du Foyer sont parvenus à construire un réseau politique aussi conséquent. La première partie du livre s’appuie sur une enquête prosopographique qui détaille les origines sociales, familiales, géographiques, les parcours scolaires et universitaires, les affinités idéologiques, religieuses et politiques, les premiers engagements et les lieux de sociabili...
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