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Contrôler et prescrire. Les impasses pathogènes de larecherche d’emploi Stéphane Le Lay et Fabien Lemozy La question de la massification du chômage et de laprécarisation sociale n’est pas nouvelle, loin s’en faut. Mais les enjeuxrelatifs à la santé des individus précarisés ont été moins souvent explorés.Pourtant, des études alertent sur un lien entre chômage et dégradation de lasanté physique ou mentale, notamment d’une surmortalité parmi la population deschômeurs et inactifs comparée à la population en emploi, le suicide apparaissantici comme un phénomène saillant. La compréhension de l’évolution de la santémentale face aux épreuves vécues sur les marchés de l’emploi est donc un enjeumajeur. La thèse de ce livre vise à montrer les effetsconvergents, en matière de dégradation de la santé pour les salariés de PôleEmploi et les demandeurs d’emploi, de dynamiques sociopolitiques et dedispositifs techniques engagés depuis plus de quarante ans. Grâce à quatreenquêtes collectives menées avec des salariés de différents services de PôleEmploi, nous montrons que ce dernier se révèle incapable de prendre la mesuredes atteintes à la santé mentale des demandeurs d’emploi. En effet, même si lasanté n’entre pas dans le champ de compétences de Pôle Emploi, au sein de sesagences, les conseillers se retrouvent face à des situations parfois insolublesqui peuvent déstabiliser leur propre santé physique et mentale, sans que PôleEmploi ne semble en prendre pleinement la mesure.L’incapacité de l’organisme à accueillir des problématiques relevant biensouvent de la psychopathologie du travail (liées à des expériencesprofessionnelles antérieures) conduit à continuer d’appliquer des « recettes »de recherche d’emploi inefficaces et nocives pour la santé mentale desdemandeurs d’emploi. Pour le montrer, nous nous appuyons sur des éléments tirésd’une enquête collective menée avec plusieurs demandeurs d’emploi. Notre travailpermet de démontrer avec précision en quoi les outils déployés par Pôle Emploine concourent pas à mettre les individus dans une position d’autonomie, maisgénèrent des conditions sociales propices à l’instauration de dynamiquespathogènes dans des franges de la population qui deviennent progressivementindésirables.