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Dans cet essai, Françoise Héritier s'interroge sur l'importance du rapport frère/sœur comme pierre de touche de la parenté en général. Elle entend montrer que de tous les critères retenus par la pensée, celui-là plus que d'autres sert de fédérateur et de révélateur. Les systèmes de dénomination des apparentés, si on les prend comme un tout, présentent des combinaisons de critères dont la pertinence a été reconnue et analysée par l'anthropologie. Le rapport frère/sœur et ce qui en découle dans les appellations entre collatéraux et alliés (beaux-frères/belles-sœurs), ainsi que les prescriptions ou prohibitions matrimoniales qui en résultent, montrent une prééminence du frère sur la soeur, traduite en termes de génération. Le principe clé est qu'un degré de collatéralité orientée (du frère vers la soeur) équivaut à un degré de filiation. On perçoit, à ce niveau d'analyse, que les différents systèmes structuraux de la parenté se sont constitués parallèlement à l'édiction d'une « valence différentielle des sexes », principe universel de l'organisation du social. Le rapport frère/sœur, envisagé cognitivement comme un rapport aîné/cadet, implique un rapport de dominance sexuée du même type que celui qui caractérise le rapport parent/enfant où l'antériorité, validée par la longue expérience néoténique des humains, est le critère implicite de la domination.