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"Sans la musique, la vie serait une erreur" « Ce grelot de vache me tient à cœur, il me donne une très violente impression de repos, de calme, d’éloignement et d’immensité. Je me sens fondre dans toute la nature : ma croûte d’orgueil et de froideur voulue éclate ; c’est un moment d’envolée qui fait du bien et rend meilleur. » C’est en ces mots que le compositeur français Ernest Chausson confie à un ami son amour des Alpes. Pendant des siècles, le massif alpin représente un obstacle difficile à franchir, notamment pour les compositeurs de la Renaissance qui souhaitent rejoindre le sud de l’Europe. Mais dès la fin du xviiie siècle, les montagnes apparaissent comme un lieu d’émerveillement et de créativité qui pousse bon nombre de musiciens à entreprendre un Grand Tour des Alpes à pied, à cheval ou en diligence (Schubert, Weber, Schumann, Mendelssohn, Liszt, Gounod). Plus tard, grâce au développement du tourisme et du chemin de fer de montagne, les artistes vont pouvoir pénétrer au cœur du massif pour s’y ressourcer et trouver l’inspiration. Chez certains musiciens qui pratiquent l’alpinisme ou la randonnée de haute montagne (Wagner, Webern, Bartók, Koechlin), gravir un sommet revient à déchiffrer une partition et à maîtriser ses difficultés. Mais pour la plupart, la pente est douce et l’observation des cimes s’arrête à l’alpage ou au bord d’un lac translucide (Brahms, Mahler, Fauré, Ravel, Rachmaninov). La montagne peut aussi cacher une réalité plus complexe, parfois même douloureuse : elle est alors un remède contre le stress de la vie professionnelle (Mahler, Strauss), un soulagement face à la maladie (Wolf, Ravel, Vierne, Szymanowski), un refuge pour échapper aux contretemps de l’Histoire (Wagner, Stravinsky, Hindemith, Bloch, Korngold) ou aux déboires sentimentaux (Liszt, Tchaïkovsky, Scriabine). C’est dans cet univers grandiose et majestueux, à l’abri des conflits armés et des bouleversements sociétaux, que naîtront quelques-uns des plus beaux chefs-d’œuvre de l’histoire de la musique.