Prix public : 48,50 €
« La guerre a produit une masse considérable de documents... Aux historiens futurs de la guerre, on doit, si l’on veut qu’ils puissent agir et obtenir des résultats, préparer un terrain préalablement et progressivement déblayé... La besogne qui s’offre à l’heure qu’il est comme la plus aisément exécutable et la plus utile est une besogne de recension et de critique ; et dans cette besogne même mérite la priorité, en raison de son urgence particulière, le travail bibliographique... L’intervention bibliographique aura donc un but négatif : disqualifier, après triage, un nombre peut-être élevé de publications, les réduire à n’être plus, et au plus, qu’un numéro dans un répertoire. Mais elle aura aussi un but positif : Elle devra pousser en pleine lumière les ouvrages essentiels. » Je me suis inspiré de ces idées et mon travail en présente la mise en pratique, mais avec un luxe de détails auquel l’historien ne songeait pas, car dans sa pensée il s’agissait d’un classement de plusieurs milliers d’articles alors que le domaine très limité de mon étude n’en comprend guère que 300. J’ai labouré profondément un tout petit champ. Pour être utiles, de tels travaux doivent allier la précision des détails et la rigueur de la méthode à l’objectivité. On me cherchera querelle sur ce dernier point, on dira peut-être que pour n’être pas assez objectif mon travail n’a pas de valeur scientifique. Je ne suis subjectif que dans la mesure où, témoin moi-même, je juge des témoignages. Qui donc serait mieux à même de faire un premier triage des récits de combattants qu’un de leurs frères d’armes pourvu qu’il soit probe et patient dans ses recherches? Comment un non-combattant de nos jours ou de l’avenir pourrait-il faire certaines critiques que l’on trouvera ici et qui seules peuvent établir que certains témoignages sont douteux? Les petits faits significatifs de la tranchée constituent un domaine fermé, connu de ceux-là seuls qui vécurent la vie du poilu. Au tribunal et ailleurs on ne peut être juge et partie. Mais si l’on n’excepte pas notre sujet de cette règle, il faut renoncer à toute étude sérieuse des témoignages personnels de combattants et se résigner à ignorer la guerre telle quelle fut pour ceux qui en étaient les témoins-acteurs, c’est-à-dire la guerre en ce quelle a de plus intime, de plus concret, de plus humain, de plus essentiellement observable ».Jean Norton Cru, né à Labatie-d’Andaure (Ardèche) (1879-1949), est connu pour son essai Témoins, paru en 1929, dans lequel il contrôle la véracité des témoignages publiés par des combattants de la Première Guerre mondiale. Voici, à l’occasion du centenaire de la Première guerre mondiale, une nouvelle édition entièrement recomposée de cet incontournable et passionnant monument.