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A cette époque, pour qu’un Français puisse pénétrer en Alsace, il faut que l’ambassade d’Allemagne appose un visa à son passeport. Au préalable, l’ambassade transmet la demande au ministère de Strasbourg, et le ministère ordonne une enquête. La réponse se fait attendre d’habitude trois ou quatre semaines, et la plupart du temps cette réponse est un refus. C’est une affaire de caprice, de nerfs, et les nerfs excitables de nos voisins sont souvent agacés. Leurs hauts fonctionnaires sont pleins de méfiance ; les agents subalternes, qui exécutent leurs ordres, ont un zèle excessif pour leur service : ils savent que les abus de pouvoir et les brutalités trouvent facilement grâce auprès de leurs chefs, et que le zèle, fût-il immodéré, est le secret de l’avancement. L’entrée en Alsace a été refusée à des nourrissons, parce qu’on avait oublié de donner leur signalement sur le passeport de leur nourrice… L’Alsace, celtique dans l’origine, fut Welche jusqu’au IXe siècle, et elle revint à ses destinées primitives lorsque deux cents ans durant, le Rhin la sépara de nouveau de l’Allemagne. L’annexion de l’Alsace à la France fut un chef-d’œuvre de politique intelligente et généreuse. Jamais conquérant n’eut plus de ménagement pour les libertés, pour les habitudes d’une population conquise. « Une noble province, profondément attachée à ses traditions, comprit dès le premier moment qu’elle pouvait devenir française en restant elle-même. » Louis XIV mit son honneur à ne pas toucher aux institutions républicaines de Strasbourg.