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Entre 1954 et 1962, ils sont « appelés » au titre du service militaire obligatoire, pour intervenir dans un conflit qui porte, à cette période, le nom « d'événements d'Algérie ». Ils ont alors à peine plus de dix-neuf/vingt ans et passent d'un « bled » (Bourg-Argental dans la Loire) au bled, sans formation militaire adaptée. Formés, en gros, aux techniques préparant à la guerre de 1939-1945, par des cadres, qui pour la plupart reviennent d'Indochine, ils ne sont pas préparés militairement à ce conflit de guérillas, de ratissages et d'attentats. Une fois, sur place, ils vivent des situations très diverses. Certains sont chargés de tâches logistiques ou administratives. D'autres, en revanche, « crapahutent » en pleine nature, vingt-huit ou trente-deux mois durant. Tous, à un moment ou à un autre, sont confrontés aux « horreurs de la guerre » : blessures ou décès de camarades, embuscades, devoir de tirer sur autrui pour se défendre, mais aussi... pour tuer, etc. Quelques-uns assistent même au pire : tortures, exécutions sommaires, voire assassinats dans le cadre des tristement célèbres « corvées de bois ». Ils reviennent, marqués à vie par ce qu'ils ont vu et vécu, sans aucune attention spéciale des pouvoirs politiques de l'époque, qui ont longtemps nié le caractère guerrier de ce conflit. Depuis, beaucoup ont gardé le silence, même auprès de leurs proches. Ils parlent ici pour la première fois.