Prix public : 20,00 €
Plus qu’avec nul autre poète portugais du dernier demi-siècle, on a avec lui le sentiment qu’il déboule dans un jeu de quilles, ou fait une entrée fracassante dans la boutique de porcelaines du nuancier esthétique. Sa muse (irrégulière, il va sans dire) rue dans les brancards. Comme on ne sait pas très bien ce que signifie son portrait à bicyclette où il adresse avec un air terriblement sympathique un bras d’honneur, on préfère autant insister sur son gagne-pain de chroniqueur littéraire, évoquer son passé traumatique de vétéran de l’Angola (entre 1961 et 1965), qui lui inspira en effet Câu kiên (1972) – réédité en 1976 sous le titre de katalabanza, kilolo e volta –, ou encore relever chez lui des influences néo-réalistes... l’imposant lusiade bissextile, pourtant ! Comment contenir l’exubérant écorché vif et figer les satires férocement tendres de cet oxymore vivant ? Sa poésie, d'abord très réaliste, a trouvé une tonalité à nulle autre pareille par un travail de distorsion de la langue, quasi expérimental, toujours au service de l'émotion la plus directe, qui dote chacun de ses textes d'un sentiment d'étrangeté et du goût amer et tendre de la dérision. Parmi ses autres recueils se trouvent Cuidar dos vivos (1963), Memórias do contencioso (1980) et Respiração assistida (2003). Né à coimbra, il mourut à Lisbonne.