Prix public : 35,00 €
Un portrait sensible et malicieux de la vie paysanne à travers la longue complicité entre un photographe et sa grand-tante. Dans le village d’enfance du photographe Denis Dailleux, en Anjou, vivait une femme de caractère, véritable personnage de roman : Juliette, sa grand-tante, décédée en 2007 à l’âge de 100 ans. Entre le photographe et son modèle, entre la vieille femme et le jeune homme, une complicité unique a instauré pendant plus de quinze ans un jeu grave et drôle, un jeu qui prenait parfois des allures de défi, mélange de séduction, d’âpreté et de malice. Tel un modèle, Juliette accepte les mises en scène de Denis qui tirent partie du décor de la ferme, jouent avec les objets et les plantes. Au fil des ans, les photographies se font plus audacieuses et révèlent une personnalité inattendue qui semble s’épanouir sous l’objectif. À travers les portraits de Juliette, magnifiques de justesse, apparaît aussi la réalité d’un monde rural modeste et précaire, avec ses codes sociaux et ses valeurs, où la rudesse l’emporte parfois sur la sagesse. Avec son caractère bien trempé et son refus du qu’en-dira-t-on, Juliette y fait figure de résistante, portée par son intuition et une intelligence sensible. Dès lors, l’acte de photographier devient un acte de vie et ces images constituent aujourd’hui un témoignage précieux sur une de ces « vies minuscules » chères à Pierre Michon, vibrantes d’humanité, qui marque notre commune appartenance au monde. Un premier texte rédigé par Denis Dailleux livre au lecteur quelques détails biographiques sur la vie de Juliette ; on y sent son isolement, sa fragilité et la pudeur qui la caractérise, mais aussi son incroyable capacité de résistance qui l’a conduite à accepter l’aventure photographique que lui proposait son petit-neveu. Un second texte, littéraire, vient marquer l’intemporalité et l’universalité de cette série. « Née dans une famille de paysans » selon ses propres mots, Marie-Hélène Lafon dépeint admirablement dans ses romans la réalité du monde rural. Elle accompagne ici les photographies de Denis Dailleux, entre récit fictionnel et propos sur l’image.