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Le 22 juin 1940, les deux principaux journaux du département de la Vienne, L'Avenir et Centre-et-Ouest, publient un « Avis à la population » rédigé par le préfet de la Vienne, Henri Moulonguet, déclarant Poitiers « ville ouverte » et invitant ses habitants à la plus grande prudence en raison des risques de nouveaux bombardements. Le lendemain, la Wehrmacht pénètre dans la cité. Jean-Marie Augustin livre une enquête historique minutieuse à partir des Archives départementales pour établir les faits de collaboration ainsi que les suites de la Libération. La collaboration est associée aux « années noires » de l'Occupation, mais elle n'est pas le résultat d'une vision globale et unanime. Plurielle et complexe, elle se décline en plusieurs mouvements qui sont étudiés dans le cadre de la Vienne, un département rural, politiquement modéré, traversé par la ligne de démarcation puis entièrement occupé à partir de novembre 1942. À côté de la collaboration d'État (administrations préfectorale et municipales, police, gendarmerie, Milice) se déploient d'autres formes d'engagement auprès des Allemands : dénonciations, collaboration sentimentale, collaboration économique. Les attitudes observées vis à-vis du régime de Vichy et de l'occupant doivent aussi être nuancées : maréchalistes, pétainistes, collaborationnistes et parfois vichysto-résistants. Au moment de la Libération, le terme de « collabo » s'oppose au « bon Français » ou au « patriote ». Une telle perception négative explique l'épuration spontanée qui s'est manifestée à l'encontre de certains individus. Le personnage de la femme tondue est la victime emblématique de cette violence au point de devenir le symbole des excès de l'épuration. Une cour de justice et une chambre civique sont ensuite établies à Poitiers, dans le cadre de l'épuration régularisée, pour juger les faits de collaboration. La première fonctionne d'octobre 1944 à juillet 1948 ; la seconde, de décembre 1944 à juillet 1947.