Prix public : 20,00 €
~dès 1978, Lactalis ouvre le bal sur le terrain des fromages AOP, porteurs d’image et juteux en subventions publiques. Camembert, puis Roquefort, la liste s’allonge et fait des émules. d’autres industriels y prennent goût (Savencia, ex-Bongrain, Soddial). Loin de s’en inquiéter, la France, pourtant pionnière du concept d’appellation, leur donne les clés du terroir, trahissant là l’esprit même de ce qu’elle avait créé. Laxisme, naïveté ou complicité, le constat est là. La domination industrielle dans les AOP sous couvert de les développer, a entrainé l’uniformisation du goût, la perte de la biodiversité, la baisse de la qualité, parfois même la mise en danger de l’appellation elle-même. Comble du comble : mettre un pied dans l’appellation leur permet de siéger dans les institutions publiques en charge des appellations, leur offrant toute latitude pour favoriser leurs intérêts. Ils s’infiltrent aussi dans les syndicats professionnels et organismes de formation pour y financer des événements, prix, voyages et concours. La dernière prise de guerre de Lactalis en territoire normand, avec le rachat de l’un des derniers fabricants de camembert au lait cru AOP, place le géant laitier dans une position de quasi monopole, sans que l’Autorité de la concurrence n’ait levé le petit doigt. Le groupe industriel a privatisé l’AOP ! d’autres grands noms du fromage sont menacés (Cantal – Roquefort – Ossau Iraty – Banon – Maroilles – Époisses) de voir leur label se vider de sa substance, alors que des fermiers bataillent pour continuer à fabriquer de grands fromages et donner au terroir ses lettres de noblesse, sans aide, sans label, sans subvention. C’est eux qui mériteraient d’être dans la lumière. Après La Vache qui pleure (Nouveau Monde 2016) et France ton fromage fout le camp (Michel Lafon 2012), véronique Richez-Lerouge nous emmène dans un document richement étayé aux quatre coins de la France à la rencontre des producteurs et acteurs de la filière laitière. Sujet tabou...