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Jamais sorti de son village, Jean Caroulle affronte l'inconnu. D'abord les classes à Lille, avec les exercices dans le bois de la Deûle, menés par un sergent à poigne. Il part ensuite en Algérie en mars 1959. Intégré dans un régiment d'Infanterie, il se dirige vers Oran. Affecté à l'approvisionnement, grâce à un adjudant natif de son coin, celui de l'Audomarois, il sera ensuite cuistot. Dysenterie namibienne, convalescence au centre de repos de Bouzeville, retour au bled. Camaraderies, vie quotidienne, les gardes, affections pour ses chiens. Après de petits boulots comme les corvées d'eau, armurier, il part sur le terrain en half-track avec une compagnie d'appui. Il est alors responsable chef de pièce au fusil mitrailleur. Il vit quatre accrochages, dont celui qui verra le même sergent de Lille abattu sous ses yeux. Il prend alors conscience que l'on peut mourir ici. « Les rebelles ne faisaient pas la différence entre légionnaires, paras ou appelés (...) On n'était pas préparé à ça ! surtout quand il y a des morts (...) Aujourd'hui on a les mêmes réactions que les vieux de 14-18 qu'on voyait sortir leur boîte de médailles. » Au sujet du projet, Jean Caroulle précise : « J'avais tout noté sur des bouts de papiers. A la retraite, je les ai retrouvés, j'ai tout remis en ordre. »