Prix public : 19,00 €
Ce beau livre illustré n’est pas un roman, pas un essai, pas un recueil de poèmes, ni de nouvelles… ce sont des fragments de vie qui ne composent pas une autobiographie mais l’effleurent. Le fragment dans ce groupement de textes […] est une "garantie de liberté" nous dit Denise Brahimi dans sa préface. Illustrés d’aquarelles ou de photos en couleur, ce sont des moments de ce que l’auteure a vécu seule ou avec les siens. Des êtres, des images, des physionomies, des sentiments, des lieux, qui se sont inconsciemment inscrits, en elle, comme un livre à écrire. Alger, Oujda, Portsay… une ballade qui nous transporte dans un voyage insolite. Les personnages de ces mémoires, sont aussi les témoins de ce que fut une partie, peu connue, des profondeurs de la société algérienne. Les quelques arpents de leurs vies dont l’auteure a tenté d’esquisser la photographie, seulement la photographie, chassent les vieilles images qui collaient à la peau des habitants de cette Algérie de la fin du XIXe siècle et du début du XXe où vivait, bien avant les colonisations française et ottomane, une aristocratie traditionnelle avec une histoire et une culture dont on ne rend pas souvent compte. Comme dans toutes les sociétés précapitalistes, avant la ‘‘démocratie’’, ce sont bien ceux-là qui marquent l’histoire. Bien sûr ils ne représentent qu’une frange de la société, mais cette classe-là, ou plutôt cette catégorie de classe, n’est, à notre connaissance, que très rarement évoquée chez les historiens ou les sociologues. Elle appartient aux écrivains. Avec une écriture mêlant prose et poésie dont parle magnifiquement Denise Brahimi, Behja Traversac nous ouvre les voies de l’intime lorsqu’il tend à l’universel.