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« Allemands et collabos me haïssent pour ma réalité, tandis que gaullistes et Anglais me détestent sur ma légende »… Pierre Pucheu, ministre de l’Intérieur du gouvernement de Vichy de juillet 1941 à avril 1942, nourrit les controverses : a-t-il réellement désigné lui-même les otages fusillés à Châteaubriant, dont Guy Môquet, comme il en est systématiquement accusé ? A-t-il organisé les crimes judiciaires perpétrés par la section spéciale de la cour d’appel de Paris et le tribunal d’État, condamnant à mort des communistes pour avoir distribué quelques tracts ? Ou est-il au contraire le ministre qui, en zone libre, a permis l’arrestation de plusieurs centaines d’agents ennemis ? Celui qui adjura Pétain de partir pour Alger en octobre 1942 de manière à y appeler les Américains, rompre l’armistice et reprendre la guerre contre l’Allemagne ? Alors qu’il rejoint le camp allié dès novembre 1942 pour aller se battre en première ligne contre les Allemands avec l’aval du général Giraud, Pierre Pucheu est arrêté à son arrivée en Afrique du Nord, incarcéré, jugé, condamné, fusillé. Son procès, le premier de l’épuration, préfigure tous les autres. De Gaulle, tout en refusant sa grâce pour « raison d’État », fait cependant savoir qu’il lui « garde son estime ». Symbole de cette contradiction, voire de ce regret, Pierre Pucheu est, avec le maréchal Ney, le seul condamné à avoir été autorisé à commander le peloton chargé de l’exécuter… Ni réquisitoire ni plaidoirie, cette captivante biographie conçue comme une enquête « comble – enfin ! – un trou noir de l’historiographie concernant Vichy, l’Occupation et la “collaboration” » (Jean-Marc Berlière).