Prix public : 19,00 €
1952: dans une cafétéria juive à l'angle de Broadway et de la 86e rue, Jakob Bronsky, tout juste débarqué aux Etats-Unis, écrit un roman sur son expérience du ghetto pendant la guerre: Le Branleur ! Au milieu des clodos, des putes, des maquereaux et d'autres paumés, il survit comme il peut, accumulant les jobs miteux, fantasmant sous sa couette en imaginant coucher avec la secrétaire de direction du grand éditeur M. Doublecrum... L'Amérique, ce "paradis", est une jungle où la valeur d'un homme se juge à son portefeuille et où tout est marchandise: l'homme, la femme, le sexe, et aussi la littérature. Avec un humour acerbe, Hilsenrath décrit la galerie de losers entourant son héros. Réalisme cru, séquences oniriques, dialogues avec son anatomie ou avec des femmes inaccessibles... Récit drôle et cruel, évoquant aussi Roth ou Bukowski, Fuck America est en grande partie autobiographique: le livre retrace les conditions de vie et de travail de l'auteur à son arrivée aux États-Unis, alors qu'il travaillait comme serveur dans un delicatessen juif de New York. Fuck America est un témoignage étourdissant sur l'écrivain immigré crève-la-faim. Derrière le portrait de l'artiste en exilé, et la satire du rêve américain, pointe une terrible réalité : le destin des déracinés, qui se raccrochent comme ils peuvent à leur langue et à leur mémoire. Hilsenrath est né en Allemagne en 1926. Après avoir survécu à l'expérience du ghetto pendant la guerre, puis avoir vécu en Palestine et en France, il arrive à New York (sur le même bateau que Rita Hayworth) au début des années cinquante. Il travaille comme garçon de café et réduit ses besoins à l'essentiel, écrivant la nuit dans les cafétérias juives. Les éditeurs allemands craignant son approche très crue de la Shoah, il est d'abord publié aux États-Unis... À son retour en Allemagne, en 1975, un petit éditeur relève enfin le gant et un article du Spiegel le rend célèbre du jour au lendemain. Depuis, il accumule les prix et les reconnaissances institutionnelles.