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Depuis deux ans, la journaliste Patricia Latour et le poète Francis Combes tiennent une chronique hebdomadaire dans l’Humanité sur la langue, le français en pleine transformation, souvent bousculé (notamment par l’afflux des anglicismes) mais bien vivant et riche d’une diversité souvent sous-estimée. Dans cette chronique où le sérieux se mêle à l’ironie et l’humour, ils s’attaquent à des effets de modes, souvent ridicules, mais cherchent aussi à repérer les nouveautés, les créations intéressantes et la vitalité de la langue parlée. Ils s’intéressent notamment à ce que les mots nous révèlent – bien souvent à l’insu de ceux qui les emploient – de notre vie en société. Le psychanalyste Jacques Lacan disait que l’inconscient fonctionnait comme un langage… Le langage fonctionne aussi comme un inconscient. L’inconscient collectif de la société. La langue n’est pas uniforme. Elle est aussi contrastée que peut l’être une société divisée en classes sociales et parfois même atomisée, comme l’est à certains égards la nôtre. La langue ne cesse d’évoluer. Elle s’est toujours enrichie de mots nouveaux, empruntés à d’autres langues ou liés à l’apparition de nouveaux objets, de nouvelles techniques, de nouvelles pratiques. Aujourd’hui, les changements du français paraissent si massifs et rapides que cela donne volontiers le tournis. On peut à bon droit se demander si quelque chose d’historique n’est pas en train de se produire… L’influence de l’anglais en particulier semble relever d’une véritable invasion, liée à la mondialisation. Nous n’en sommes plus au « franglais » que dénonçait Etiemble en 1964. Nous sommes entrés dans l’ère du « frenglish ». Une nouvelle langue de bois, langue de contreplaqué, se répand. Et, qui que nous soyons, il nous arrive, à notre insu, de l’utiliser. La tentation est grande devant ces changements d’adopter une attitude frileuse et conservatrice de défenseur de la « pureté » du français. Ce contre quoi mettait déjà en garde dans les années soixante le grand philologue qu’était Marcel Cohen dans ses chroniques de l’Humanité. Mais si le français est menacé, il est aussi bien vivant. La langue ne cesse de s’inventer, ici et ailleurs. Et rien dans ce domaine n’est définitif ni inchangeable.