Prix public : 20,00 €
Ce qu’il y a de serré dans ce livre , c’est la présence involontaire voulue par le poète Lamatabois de Jean-Claude Pirotte. De leurs échanges épistolaires est née cette collaboration non prévue par l’auteur du Promenoir magique. Les œuvres couleur étaient dessinées comme une offrande sur les enveloppes des lettres expédiées au poète de Saint-Nazaire. Lamatabois aime Pirotte et son lyrisme de franche dérive. Il aime ce vent noir et clair qui parle à son âme de marin et de poète. Est-ce l’heure des bilans comme un rire d’ardoises pour l’écrivain ? Magnifique métaphore du voyage intérieur. Le voilà, le marin d’outre-saison « dans un livre ou dans la mort ». Staries ou jours de planches, c’est « le délai accordé au capitaine d’un navire pour charger ou décharger une cargaison ». Dans ce livre, le lieu et le temps de la parole se conjuguent à l’imparfait du présent. Ce livre, c’est l’histoire d’un homme poète revenu de tout et qui s’étonne en joie d’être là, enfant de la métaphore. c’est d’ailleurs avec des yeux de gosse que le poète plonge « dans la lecture de l’absolu ». Il y a dans son œuvre des échos rimbaldiens du Bateau ivre. « Je sollicite, cherche des adjectifs, les pays, les tributs, les animaux, les poissons, la terre avec ces doutes, ses torrents de pluie... aussi parfois mes découvertes ont l’étendue suffocante des vallées, le parfum de l’humus, la couleur des fleurs des prés, les sentiers boueux, les taureaux noirs, libres, et les gardians qui ne parlent qu’à leurs chevaux... » . Vivre sa route, son chant, c’est la volonté du poète malgré l’horreur des guerres, des camps de la mort nazis, des goulags soviétiques, de l’énormité d’Hiroshima. Se lover dans le corps du mot liberté et continuer le sillage de bonne espérance font du poète nazairien le héraut des phrases, de leurs murmures et de leurs vérités pour ces « noces fortunes des mers ». Il y a dans ce livre la fulgurance des images qui me va droit au cœur de ma lecture, les rues d’une géographie qui donne à voir au-delà de l’horizon...Extrait de la préface