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La Comédie Divine devait se lire autrefois dans les auditoriums de l’université. Mon professeur de littératures antique et médiévale, Myzafer Xhaxhiu, nous parlait avec une passion extraordinaire de Dante et de Béatrice, si bien que dans cet état pathétique, il nous apparaissait comme un être différent des autres, comme si ce monde le gardait toujours sous sa coupe. En vain, il a essayé que parmi ses étudiants certains lisent Dante, lisent son Enfer, son Purgatoire et son Paradis. Mais à cette période, notre esprit était dans les chansons des Beatles ou des chanteurs italiens comme Celentano, Battisti, etc. Dante nous paraissait alors difficile et nous l’avons plus ou moins oublié plus tard. Après quelques années, quand j’ai visité pour la première fois Florence, je suis alors allé à la maison de Dante, et mon ami, un peintre albanais, m’a montré environ cinquante mètres plus loin une maison, et m’a dit que c’est là qu’avait grandi autrefois l’amour de Dante, Béatrice. Plus tard, alors qu’il écrivait un article sur Botticelli, il a découvert ses merveilleuses illustrations sur le monde de La Comédie Divine, auxquelles il n’était pas parvenu pour la majorité d’entre elles à donner des couleurs. Un autre monde est apparu devant moi avec ces corps humains qui tombaient de haut ou qui étaient fouettés dans les cercles de l’enfer, puisque L’Enfer était sans nul doute la partie la plus choquante de ses dessins. Il est certain que cet autre côté du monde humain, celui du crime, des héritiers des prisons et des camps d’internement, du lynchage arbitraire des personnes qui réclamaient leur liberté, nous l’avions vu particulièrement après les changements politiques en Albanie, quand dans les années 1990 s’est effondré l’État totalitaire, ce qui a ainsi mis un terme à l’époque de la dictature, tout comme pour tous les autres pays de l’Europe de l’Est. C’est exactement à ce moment-là qu’ont commencé à se dessiner dans nos esprits les décors du crime, de la violence et de la violation de la liberté d’expression.