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Comme un voyage, « au jour le jour du mystère d’exister» . Et nous conviés ici à accompagner ces voix, leurs pas dans les jours, qui résonnent ou se tiennent, silencieux, au plus près des bruits du monde – qui sont là, et leur musique de toujours. De se tenir dans les ombres ou les heures, les voix deviennent des visages, nos visages multiples et uns, à l’écoute de ce qui surgit des jours. En soi, une « dictée», un « éboulement obscur» se laissent entendre. Presque saisir. Et proches. Autour, le bruit du monde ne cesse pas, tout au contraire : « clapotis d’eau», « ce bleu, cette transparence», des passages – autant d’instants comme sauvés : un enfant, un matin, la fin d’une après-midi d’été. Un insecte passe, de l’autre côté de la vitre un feuillage tremble. L’encre finit de sécher sur la page où la main la dépose, et tout à côté, le halo d’une lampe. Voix multipliées, elles aussi incessantes, dans le lent travail de leurs gestes : écrire, peindre, vivre. Aimer. Serait-ce aussi le craquement d’un radiateur, loin, dans le lieu clos, où l’on se tient à l’ouvert d’écrire.« Une sorte d’album du temps qui passe», et sonore, où il arrive que même la langue fourche de se chercher, au plus près de ce qui est à dire, et le dire ainsi pour accueillir, il le faut, tout « ce qui n’a pas de nom», quand « une voix nous traverse». Quand « je t’entends marcher, au matin, un oiseau chante, la page commence, on pourrait croire à la vie». Toutes voix comme autant « de solitudes qui tissent entre [elles] des fils invisibles.» Et d’elles toutes, une présence invoquée, inlassablement. Jean-Yves Fick