Prix public : 11,00 €
« La science, mon garçon, est faite d’erreurs, mais d’erreurs qu’il est bon de commettre car elles mènent peu à peu à la vérité. » Professeur Lidenbrock (Jules Verne, Voyage au centre de la Terre, cité p. 8)
Dans ce nouvel opus de la collection animée par Henri Broch, Denis Machon, physico-chimiste de l’Université de Lyon, nous explique l’importance de l’erreur dans l’avancement des connaissances. Après une rapide typologie de l’erreur, où il distingue celles, « normales », liées à une démarche scientifique correcte mais incomplète, et d’autres, malhonnêtes, qui ressortissent de la fraude et du plagiat, puis une présentation, simplifiée mais « pragmatique », de la démarche d’investigation, l’auteur passe en revue plusieurs erreurs scientifiques historiques.
Il y a d’abord celles qui sont liées à nos sens : « un des artéfacts liés à la puissance d’analyse de notre cerveau est qu’il trouve souvent un sens là où il n’y en a pas forcément, qu’il introduit de la forme dans l’informe » (p. 25). Il y a les manipulations plus ou moins inconscientes des données expérimentales pour coller à un processus explicatif séduisant ou proposé par une personnalité scientifique imposante. L’erreur peut aussi être entretenue par un défaut d’analyse critique des données qui viendraient corroborer une idée préconçue. Le savant peut aussi, parfois, être emporté par la recherche d’une régularité, d’une harmonie, obéissant à une loi imaginaire. Ce peut être, enfin, une recherche du sensationnel, associée à des conclusions trop hâtives qui peut produire l’erreur scientifique, car, selon l’auteur, « la volonté de “visibilité” est une notion importante chez les scientifiques car elle permet d’obtenir des crédits, des récompenses et pourquoi pas 15 minutes à la télévision » (p. 55).
Ce petit ouvrage défend l’intérêt et l’efficacité de la « démarche d’investigation » dans l’augmentation de la connaissance sur le monde. Mais, parfois, parce qu’elle est mise en oeuvre par des femmes et des hommes faillibles, elle peut conduire à une « science pathologique ». La conclusion de D. Machon, à laquelle on ne peut que souscrire, est de développer l’esprit critique, non par le moyen d’une quelconque incantation, mais par une véritable formation scolaire et universitaire, pratique, qui passe par la connaissance et la maîtrise d’outils permettant d’évaluer la pertinence d’affirmations ou de résultats expérimentaux.
Note de lecture de Philippe Le Vigouroux - publiée dans la revue Science et pseudo-sciences n°317, juillet 2016
https://www.afis.org/Les-bavures-scientifiques-Quand-des-scientifiques-se-prennent-les-pieds-dans-la