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On a vu dans Les Schtroumpfs de Peyo une utopie, une société collectiviste et totalitaire, de type stalinien ou maoïste. D'autres, au contraire, y ont discerné une analogie avec le fascisme. Et beaucoup n'ont pas manqué de relever du racisme, de l'antisémitisme et de la misogynie chez les petits lutins. Certains se sont demandé s'ils n'étaient pas gays, leur appartenance sexuelle paraissant indéfinie. Jugées très séduisantes, ces interprétations portent à faux. Non, les Schtroumpfs ne sont ni communistes, ni fascistes, ni racistes ni gays ou transsexuels, ni misogynes. Et leur communauté n'est ni une utopie, ni un kolkhoze ou une commune populaire, et n'a rien de totalitaire. En réalité, le monde des Schtroumpfs est la négation du nôtre. Les petits lutins rejettent ce dernier. Ils sont des êtres restés à l'état de foetus qui refusent de venir au monde et préfèrent se lover dans la sécurité de cet utérus qu'est leur village. Le Grand Schtroumpf, à la fois grand-père gâteau, père et mère, les maintient dans cet état, car chacune de leurs tentatives d'imiter les humains se solde par un échec. Les Schtroumpfs représentent le refus de naître et de s'intégrer à un monde dangereux frappé par le péché des origines. AUTEUR Diplômé de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), docteur ès-lettres, titulaire d'un DEA de Sciences de l'éducation, Yves Morel, longtemps fonctionnaire de l'Éducation nationale, a notamment publié chez Via Romana La fatale perversion du système scolaire français, Histoire du parti radical et La vraie pensée d'Augustin Cochin.