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«Tout pouvoir vient de Dieu» signifie non pas que toute autorité dispose d'un pouvoir divin mais que le fondement de cette autorité est invisible. Ce que saint Paul dénonce, c'est la confusion de ce fondement avec les modes de sa manifestation. «Tout pouvoir vient de Dieu» renvoie dos à dos aussi bien une conception de l'autorité politique qui dériverait son pouvoir du «sacré» attaché à la personne de l'empereur (ou plus tard du monarque) comme à son fondement, que celle qui la fait dériver du peuple. Voilà pourquoi les chrétiens obéissent aux lois de la Cité et se soumettent aux autorités : parce que l'autorité politique manifeste ce fondement (toujours caché). Quand les lois de ce pouvoir vont à l'encontre du Logos (et donc du Bien commun), les chrétiens ne s'opposent pas au pouvoir comme un corps politique mais rappellent aux gouvernants que leur pouvoir ne repose pas sur eux mais sur Dieu - le Logos, c'est-à-dire la Raison, à laquelle tous les hommes participent par leur propre raison. Le livre prend notamment l'exemple que donnent les Pères apologistes : Justin, Tertullien, puis Augustin, dont la Cité de Dieu s'inscrit dans le sillage des grandes apologies. En ce sens, il n'y a pas deux cités (des hommes et de Dieu), mais une seule, et c'est la mission - critique - des chrétiens (comme citoyens et non pas comme un contre pouvoir) de rappeler ce fondement invisible du pouvoir quand la Cité s'en affranchit. Un livre de discernement capital aujourd'hui. Emilie Tardivel docteur en philosophie diplômée de Sciences Po Paris, est maître de conférences à l'Institut catholique de Paris et a déjà publié une étude remarquée sur la philosophie de Patocka, La liberté au principe.