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On ne compte déjà plus les révélations sur les coulisses de l’avènement d’Emmanuel Macron. Certains voient dans son élection une preuve de la toute-puissance des médias, d’autres, un putsch démocratique orchestré par le monde de la finance. Dans tous les cas, il faudrait s’enquérir de ce que l’on nous cache. Notre réflexion est aux antipodes de la démarche de ces enquêteurs du spectacle. En effet, une des raisons pour lesquelles nous peinons à exercer notre esprit critique, aujourd’hui plus qu’hier, tient à ce que nous refusons de voir ce qui est sous nos yeux. Dans un univers de simulation, les simulacres se précèdent eux-mêmes. Ils ne représentent plus rien, mais font force de loi. Notre attention se perd dans un labyrinthe de signes. Ce qu’ils montrent est à ce point irréel que nous cherchons en vain derrière eux une réalité plus consistante. Mais derrière, il n’y a rien. Tout est là, étalé au grand jour. Cette transparence rend les nouvelles stratégies de pouvoir d’autant plus inquiétantes. Macron se fond dans le discours qui s’adresse à lui, prend la forme du réceptacle. Il n’est pas brillant, il est plastique. Il apprend de ses erreurs, se corrige, affine en « se confrontant au réel ». Comme un logiciel, il intègre, classe et change de niveau. À côté des anciennes formes symboliques de représentation politique, cette stratégie du vide nous fait entrer dans un univers de simulation binaire, algorithmique, dont Emmanuel Macron est, en France, le premier 0. C’est à ce titre, et à ce titre seulement, qu’il mérite d’être pensé.