Prix public : 15,00 €
« Quoi ! La nature vous a-t-elle donc faits de matériaux différents des autres hommes ? » demande Ismaël au journaliste anglais James Silk Buckingham qu'il accompagne en Mésopotamie et en Perse, et qui s'offusque de la passion du jeune derviche pour un beau garçon turc. Au début du XIXe siècle, la « modernité » européenne, fondée sur la cellule familiale et l'exclusivité hétérosexuelle, est progressivement adoptée par les élites du Moyen-Orient pour plaire aux nouveaux maîtres du monde. Mais elle n'a pas encore conquis toutes les couches de la société. Nombre de récalcitrants l'ignorent et restent fidèles aux « extravagances de la sensualité orientale », chantées par les poètes et les philosophes persans : Attar, Rûmî, Saadi, Hâfez… Ismaël, pour qui « le Plaisir est l'unique Bien », célèbre toutes les transgressions, y compris sensuelles. Mais la réprobation de Buckingham, pétri de morale bourgeoise européenne, n'est peut-être que de façade. Le débat qu'il accepte d'engager sur l'amour, enrichi par son ouverture d'esprit autant que par la sincérité d'Ismaël, montre que les deux cultures, en apparence si différentes, ont bien des points communs. Le Derviche amoureux est le troisième ouvrage de la trilogie de Laurent Baudoin sur l'homoérotisme dans le monde arabomusulman, après À l'Est d'Eros (essai historique, 2017) et Les dires des nuages qui pleurent ou l'histoire de Tayyib et Tahir (conte ottoman, 2019).