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Mosaïques est un poème à deux voix évoquant les « aléas » de la naissance : Jûwadû est le nom du père, originaire du monde arabe ; Rebourg est le nom de la mère, originaire du monde occidental ; el-Mahdi est, comme vous l'aurez aisément compris, le prénom arabe, et Arnaud, le prénom français. Voilà pour le fond(s) de l'affaire. Mosaïques est divisée en trois parties renvoyant, comme l'introduction l'indique, aux trois significations possibles du mot : la Mosaïque des Muses, celle des jardins et celle de Moïse. À partir de ce triple sens, il est tenté de donner sens au chaos de la vie. Entre les portes du visible et de l'invisible, il se construit alors une cosmogonie qui plonge ses questions dans le monde méditerranéen, là où la poésie contemporaine trouve ses deux sources : celle d'un monde qui se bat pour exister de façon claire et formelle, et celle d'un monde qui n'en finit pas de dire l'obscurité de sa peur identitaire. Divisé en trois parties, Mosaïque peut l'être aussi en deux parties : celle qui fait appel à la connaissance sensible, soit la poésie, et l'autre partie qui fait appel à la connaissance rationnelle, soit les développements « théoriques » contenus dans les Haltes, et nous avons là l'explication du sous-titre : « poème à deux voix », qui renvoie lui-même aux deux rives de la Méditerranée, symbolisées dans une Grenade à la fois rêvée et réelle :Grenade ô ma ville éclatéeÔ mon fruit doux de la discordeL'espoir dans notre obscuritéMa prière au chant qu'on accordeGrenade ô le fruit défenduQui dit le vin de la douleurQui dit le miel c'est entenduDira le chant de nos malheursÔ qui dira dans l'avenirCette étrange étrangetéDe l'homme à lui-même bannirLe propre chant de ses étésQui dit ma ville dit ton sein rondLe sang et l'orage et l'éclairQui dit Grenade où nous boironsLe dernier vin de nos colèresEt l'instrument de ma romanceEn deux coupé par les canonsRemonte les rivières et danseSur les deux quais d'où nous venons