Prix public : 14,00 €
Au premier jour du printemps 2015, j'ai pendu les treize livres que j'avais écrits aux branches hautes d'un vieux tilleul, puis entrepris de tenir le journal de leur dégradation comme je l'aurais fait de mon propre vieillissement. Pour illusoire et dérisoire qu'elle fût, cette décision répondait tout à la fois au besoin de me défaire d'un passé qui me pesait et d'un rôle, celui d'écrivain, que je ne voulais plus assumer. J'avais juste sous-estimé combien cette installation, sous la forme concrète d'un mobile, me procurerait un réel plaisir visuel ; sous-estimé aussi le bonheur retrouvé d'écrire un journal après plusieurs mois de repli. Dois-je en déduire alors que je me suis trompé lorsque j'écrivais en septembre dernier que la tenue de ce journal était manière douce d'en finir avec l'écriture, de me retrouver avant silence ? Trop tôt pour répondre, attendre d'abord que mes livres en aient fini de tourner girouettes à tous les vents et cèdent à l'épreuve du temps, s'effacent, s'effritent, puis se fondent à la terre humide…