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Ah ! l’Amour. Le thème le plus traité de la littérature mondiale, sans cesse décliné à toutes les sauces. Rien d’étonnant à ce que le caustique et spirituel Stephen Leacock ait su en tirer pas moins de neuf versions parodiques distinctes dans ses deux recueils classiques (Nonsense Novels & New Nonsense Novels) : version guerre des sexes sur une île déserte (« L’Île de la tentation, ou Les naufragés de l’amour »), version idylle chevaleresque pré-Monty Python (« Guido, la broche de Gand »), version conte de Noël à la Dickens (« Le Noël de Caroline »), version journal d’une hystérique tolstoïenne (« Les souffrances d’une âme supérieure, ou Les Mémoires de Marie Mushenoff, traduites automatiquement du russe »), version écossaise à la sauce Brontë (« Hannah des Highlands »)… Universitaire et lettré, Leacock concasse tous types de romans fainéants pour en faire des pépites de nonsense accélérés à mourir de rire, plutôt qu’à se pâmer d’amour. On constatera à la lecture de ses irrésistibles « mini-romans » (datant de 1911 et 1920) d’une étonnante modernité à quel point les clichés littéraires et amoureux, ici passés à la moulinette d’un précurseur de Tex Avery, ont si peu changé. Avec un art subtil mais décapant dont Groucho Marx et Woody Allen, entre autres, ont vanté le génie, Stephen Leacock posait alors les bases du comique moderne anglo-saxon.