Prix public : 15,00 €
« Le Verrier, un astronome français du XIXe siècle, a découvert par le calcul une planète, en se basant uniquement sur les perturbations qu’elle fait subir à Uranus. Il n’a pas eu besoin de la voir, encore moins de la photographier. Ce que Le Verrier a pu faire avec une planète, j’aimerais le faire avec un visage, une idée… » (Extrait de lettre, 1926). « Le photographe est le prototype de l’artiste d’État, c’est-à-dire du non artiste. Un jour viendra où l’on n’aura même pas besoin de lui pour appuyer sur le déclencheur. Alors, les yeux pleins de larmes, il soupirera : “Si j’avais su…” » (Extrait de lettre, 1930). Ainsi s’exprimait Erwahn Ehrlich (1894-1961), photographe allemand, mais compagnon d’armes d’Apollinaire qui sera blessé au visage lors de la Première Guerre mondiale, perdant progressivement la vue jusqu’à devenir totalement aveugle en 1927. Ehrlich n’en continuera pas moins de pratiquer la « photographie conceptuelle », de Paris à Zürich, en se frottant à tous les mouvements artistiques de son époque, de Dada à l’expressionnisme. Mais est-ce de la photo ou du dessin ? De l’art ou du cochon ?… Sept ans après les Mémoires d’un vieux con, parodie inégalée d’autobiographie artistique prétentieuse, Topor enfonce le clou en réalisant cette fausse monographie (incluant 33 œuvres jamais vues), qui pastiche avec une jubilation érudite tous les poncifs de l’histoire de l’art. Paru en Belgique en 1982 dans un tirage limité (Le Daily Bul, La Louvière) ce rare « livre concept », qui compte parmi ses plus ludiques et inventifs, est un chef-d’œuvre méconnu de Topor.