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Le premier marxiste en Haïti est Jacques Roumain (1907-1944), l’auteur du célèbre roman Gouverneurs de la rosée et fondateur du premier Parti communiste haïtien. Il assume ses convictions communistes et ne cesse de mobiliser la figure de Marx pour interpréter la réalité de son pays. Cette migration du marxisme, d’origine européenne, vers la société postcoloniale haïtienne appelle à une prudence épistémique afin d’éviter le piège de l’eurocentrisme. Étant mort très jeune à 37 ans, Roumain n’a pas eu la possibilité de développer et d’approfondir son projet de marxisme anticolonial. Mais suite aux mouvements de 1946, les marxistes haïtiens se lancent dans une revalorisation analytique des œuvres de Jacques Roumain en soulignant la richesse des points esquissés. Ils conceptualisent les dialogues entre marxisme, négritude et dépendantisme, dans une optique de relecture de la thématique coloniale tout en fondant leur regard épistémique sur l’idéal de la Révolution haïtienne de 1804 et sur les travaux des intellectuels haïtiens de la fin du XIXe siècle. La pensée marxiste haïtienne dont il est question ici débute dans les années 1945-1946 pour s’arrêter aux alentours de 1986. Cette période est choisie en fonction de la richesse de la littérature marxiste et de l’augmentation du nombre de militants se réclamant du communisme. Pour bien cerner la question, nous avons constitué un groupe de six penseurs marxistes choisis en fonction de leur popularité, de leur niveau d’analyse et de leur implication idéologico-politique : Étienne Charlier, Jacques Stephen Alexis (Jacques La Colère), René Depestre, Gérard Pierre-Charles, Yves Montas (Jean Luc) et Michel Hector (Jean-Jacques Doubout).