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La Chine contemporaine « pense-t-elle » ? Et si oui, comment pense-t-elle ? Et d’ailleurs, quel sens donner au terme « penser »Â ? Le noeud du problème réside dans la langue : si la Chine contemporaine veut avoir une pensée authentique, elle doit commencer par étudier sa propre langue – et c’est précisément la difficulté à laquelle se heurte la construction d’un corps intellectuel en chinois. Afin d’éclairer le raisonnement chinois moderne, et de démontrer les implications méthodologiques de la pratique philosophique en chinois, l’auteure a choisi de centrer son étude sur le philosophe chinois contemporain (né en 1952) Chen Jiaying. À la croisée de la linguistique et de la philosophie du langage, elle s’attache à l’approche linguistique de ce philosophe, en particulier à sa manière de développer son raisonnement en clarifiant systématiquement l’usage des mots chinois, et à son style argumentatif et dialogique fondé sur des caractéristiques linguistiques propres à la langue chinoise, mais aussi à travers l’identification et la classification d’une série de concepts chinois « naturels ».
Cet ouvrage démontre ainsi comment la pensée en langue chinoise peut se révéler innovante et dynamique en répondant à des questions universelles cruciales – « Qu’est-ce que la philosophie aujourd’hui, dans un monde dominé par les méthodes scientifiques empiriques ?» « Qu’est-ce qu’une bonne vie ? », « Comment bien vivre dans notre monde actuel aux valeurs plurielles, fragmentées, voire contradictoires ? »...
Par-delà l’analyse de ce qu’est « penser en chinois », Xiyin Zhou ménage une large place à l’analyse conceptuelle interlinguistique, faisant des allers-retours entre les langues chinoise et occidentales. Elle plaide ainsi pour surmonter l’étroitesse de la pratique philosophique dans une seule langue, et pour une approche philosophique « écolinguistique » fondée sur l’utilisation naturelle du langage.