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L'être occidental est historique. L'identité émerge d'un temps créé par une quête de s'expliquer, de faire sens de nous-mêmes. À la base, il y a donc l'inquiétude liée à l'explication de soi, laquelle nous pousse à réfléchir et à agir pour nous « confirmer » ; et donc, à faire l'histoire nous identifiant individuellement et collectivement. Toutefois, cet état, cette « posture » face à nous-mêmes et à notre « réalité », est bien celle d'une quête qui n'est pas achevable. La raison est que cette recherche a pour fin d'affirmer davantage que nous-mêmes, êtres naturels que nous sommes. L' « objet » n'étant pas, il est – notre identité – toujours à rechercher. Il y a ainsi toujours à quérir, à réaliser, pour identifier et s'identifier, alors que la réalité est ici : c'est le monde naturel qui nous permet. Parce que dépourvue d'objet, cette quête désoriente et vient créer une perte de soi, de la conscience de notre condition, ce qui alors la détruit via le rapport malsain, « faux », qui en émerge. L'Aborigène vit sa réalité de vivant, de laquelle l'Occident, l'être « historique » qui se cherche, qui vit l'inquiétude de son « être », s'est détaché. Sa réalité est la nôtre. Ainsi, cet essai philosophique cherche à éclairer la nature historique d'une perte ou rupture, d'une scission, par rapport à ce qui est la condition de tous. L'Aborigène permet alors de repenser et de retrouver ce qu'est « être humain » en communiquant, par sa vie, notre rapport réel à notre condition. Il s'agit alors de passer d'une existence constituant et communiquant une linéarité temporelle, celle de l'agir et de l'avoir – du « à réaliser » –, à une conscientisation dévoilant l'être dépendant et conditionnalisé que nous sommes. David Bergeron est docteur en philosophie (2015). Il s'intéresse aux idées politiques en Amérique du Nord (1760-1900) ainsi qu'à leurs effets sur les représentations qu'ont les élites politiques et judiciaires de l'