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Parce qu'à partir de la fin des années 1950 Fluxus, le post-dadaïsme, l'art minimal et l'art conceptuel ont mis en crise le modernisme défendu par Clement Greenberg et conduit à la « dé-définition » de l'art diagnostiquée en 1972 par Harold Rosenberg, l'art « contemporain », indifférent au purisme du médium, à l'autonomie de l'oeuvre et à tout essentialisme esthétique, est aujourd'hui assez nettement distingué de l'art moderne. L'opposition du contemporain et du moderne en littérature va beaucoup moins de soi. Dans le discours critique, les deux termes entretiennent des relations ambivalentes, à la fois problématiques et peu problématisées, signe que l'imaginaire de la littérature reste aujourd'hui largement moderniste, attaché à la spécificité du médium textuel comme à une définition essentialisée du littéraire héritée du Romantisme. Une littérature « contemporaine » au sens que l'adjectif prend en art existe pourtant, aussi ancienne que l'art contemporain lui-même. C'est une littérature elle aussi « dé-définie », ayant renoncé à l'absolu du Livre et au primat de l'écriture, une littérature intermédiale, numérique, exposée ou performée, in praesentia et potentiellement collective. Mais elle reste confidentielle dans le champ littéraire, là où l'art contemporain attire un public élargi. Pourquoi cette disparité ? Un retour sur l'art et la littérature des six dernières décennies permet ici d'observer les interférences et les cloisonnements d'un domaine à l'autre, les parallélismes et les décalages de leurs temporalités respectives, aussi bien que les ambiguïtés du transfert récent des notions de minimalisme, delittéralité et de conceptualisme du vocabulaire de l'art à celui de la critique littéraire.