Prix public : 30,00 €
Depuis le début du millénaire, les pratiques de reenactment suscitent l'engouement dans des sphères d'activité et des domaines aussi différents que les arts, l'histoire vivante, la télévision, les univers virtuels, etc. Ce goût de refaire indique l'émergence de nouvelles sensibilités à l'égard du passé. Qu'ils soient pratiqués par des amateurs, des professionnels ou des artistes, qu'ils recréent des événements historiques, des phénomènes culturels ou des œuvres performatives du passé, qu'ils aient des visées récréatives, artistiques, historiographiques ou patrimoniales, les reenactments manifestent un désir de réintégrer le corps, les affects, le performatif dans les représentations historiques. Ils réinventent les manières d'articuler les mémoires vivantes, les archives et les représentations médiatiques. Anachroniques, ils font dialoguer des historicités plurielles et hétérogènes avec notre actualité, permettant de mieux comprendre le monde d'aujourd'hui et d'agir sur lui. Leur succès est le signe d'une certaine démocratisation de l'histoire. L'histoire « reenactée » est une histoire négociée entre divers acteurs. Elle a la capacité de provoquer les débats et les polémiques indispensables à la vie démocratique, de faire émerger des formes d'agentivité. Mais qu'advient-il de cette portée politique et émancipatrice des reenactments, dès lors que les institutions et les industries culturelles et artistiques s'en saisissent, les initient et les produisent ? Cette appropriation ne risque-t-elle pas d'en désamorcer la charge critique ? Ne participe-t-elle pas, plutôt, d'un tournant dialogique de certaines pratiques institutionnelles ?