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Courant entre 1808 et 1825, le temps des indépendances apparaît encore aujourd'hui comme le véritable mythe fondateur des nations issues de la désintégration de l'Amérique espagnole. Ces révolutions restent pourtant méconnues - si ce n'est les figures écrasantes des Libertadores que sont Simón Bolívar ou José de San Martín. La compréhension de ces indépendances n'est possible que dans une perspective globale et atlantique, la crise et l'effondrement de l'empire procédant directement du tumulte politique du Vieux Continent. Quand Napoléon force les Bourbons d'Espagne à abdiquer à Bayonne en 1808 pour les remplacer par son frère Joseph, les réactions dans l'empire sont d'abord unanimes : le Nouveau Monde réaffirme sa loyauté à la nation espagnole et à son souverain légitime, Ferdinand VII. Mais l'incertitude de la situation et les grandes distances que doivent parcourir les nouvelles à l'époque de la marine à voile finissent par faire le jeu des revendications émancipatrices, qui se transforment en véritables guerres d'indépendance. Maîtrisant la complexité des contextes sociaux et politiques de chaque côté de l'Atlantique, Gonzague Espinosa-Dassonneville déconstruit les « romans nationaux » locaux (l'historia patria) et montre comment ces indépendances, qui étaient loin d'être prévisibles, sont la conséquence du chaos politique qui boulerverse la péninsule Ibérique.