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« Notre seule espèce indigène de cette fougère forme de belles touffes, qui attirent l’attention des amoureux des plantes par la différence marquée entre les frondes stériles et les frondes fertiles nées d’un même rhizome. Elle n’a rien d’une fougère rare ; et plus d’un randonneur en quête d’un bouquet de fleurs sauvages marie ses feuilles d’un vert éclatant à une branche et des fleurs de bruyère ou de genêt à balais. »
L’OEUVRE
Anne Pratt accède à la célébrité en 1855 avec son grand oeuvre, les trois puis quatre volumes de The Flowering Plants of Great Britain, auxquels s’ajoutent en 1873 deux nouveaux tomes, le tout étant regroupé sous le beau titre The Flowering Plants, Grasses, Sedges, and Ferns of Great Britain, and Their Allies the Club Mosses, Pepperworts and Horsetails, « les plantes à fleurs, herbes, laîches et fougères de Grande- Bretagne, et leurs alliés les lycopodes, passerages et prêles », soit plus de 1 500 espèces reconnues,
dessinées et décrites… Pour ce faire, l’auteure allie de vastes connaissances acquises sur le terrain et dans les manuels avec un art consommé de la composition, du dessin et de la couleur. Elle utilise, avec l’aide du graveur, chromolithographe et imprimeur William Dickes (1815-1892), une technique d’impression complexe mais modique, inventée en 1835 et licenciée par George Baxter (1804-1867), qui combine taille-douce (encre dans les creux) et taille d’épargne (encre en surface) et permet une production de masse et de qualité. Cette fougère ou Blechnum en épi (Struthiopteris spicant) aux deux sortes de frondes (stériles et persistantes, fertiles et estivales), espèce aujourd’hui protégée dans une grande partie de la France, en est une parfaite illustration.
L’ILLUSTRATRICE
Anne Pratt (1806-1893) fut l’une des plus illustres peintres botaniques de l’ère victorienne. Publiant plus de vingt ouvrages que la reine Victoria lisait assidûment, elle remporta en 1852 avec ses Wild Flowers, dont les planches étaient également diffusées comme tableaux pour salles de classe, un premier grand succès public, assombri par un dédain universitaire persistant pour son statut d’autodidacte. Fille d’un épicier du Kent et d’une mère férue de plantes, la petite Anne pâtit d’une santé fragile et d’un genou déficient : on l’encourage donc à s’occuper en dessinant. Éduquée à Rochester, ville favorite de Charles Dickens (1812-1870), elle est initiée à la botanique par un ami de la famille, le Dr Dods. Installée au sud de Londres à 20 ans, elle débute une carrière d’illustratrice en un temps, « l’âge d’or de l’art botanique », où la société britannique se passionne pour le jardinage et la nature, où l’imprimerie développe de nouvelles techniques de reproduction et où quelques femmes de talent pratiquent cette activité jugée « ladylike », c'est-à-dire comme il faut. Ne vivant que de son art, Anne Pratt démontre jusqu’au grand âge que la professionnalisation croissante des sciences naturelles n’était pas le domaine réservé des hommes, et que sa science valait bien la leur.