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Le racisme anti-noir en Afrique du Nord reste un sujet marginal dans les sciences humaines et sociales, malgré l’intérêt médiatique qu’il sucite régulièrement depuis 2011. Ce numéro contribue à éclairer les origines de ce racisme en Afrique du Nord, tout en se penchant sur certaines de ses manifestations contemporaines et les mobilisations qu’il provoque. Les contributeurs de ce numéro partent du constat partagé que les discours racistes construisant les personnes noires comme « Autres » trouvent une résonance particulière dans les sociétés nord-africaines traversées d’importants flux migratoires. Mêlant approches historiques, sociologiques, juridiques et couvrant les contextes marocain, tunisien ainsi que libyen, les contributions dévoilent le long processus d’altérisation et de minorisation des corps noirs en Afrique du Nord (Trabelsi, El Hamel, Silverstein). Elles exposent les legs de la période coloniale dans la fixation de hiérarchies raciales. Les politiques urbaines (Parikh), migratoires (Gross-Wyrtzen) ou encore la culture populaire (Tayeb) contemporaines sont étudiées au vu de leur propension à perpétuer des ordres racistes qui discriminent et marginalisent à la fois les personnes noires nord-africaines et les migrants subsahariens. Les mouvements sociaux (Mrad Dali, Abdelhamid) et les initiatives juridiques (Fassatoui) anti-racistes qui ont suivi les révolutions arabes de 2011 ouvrent de nouveaux espaces pour penser des sociétés inclusives. Rassemblant pour la première fois en français des contributions de spécialistes internationaux sur cette thématique, le numéro fait dialoguer des approches et questionne non seulement la fabrication et la reproduction de la blackness, mais aussi celle de son pendant « blanc » (whiteness), dans les pays d’Afrique du Nord. Il propose de nouvelles lectures des périodes pré- et post-coloniales mais aussi de la géographie africaine pour tenter de témoigner de la richesse et de la complexité des dynamiques d’appartenance propres aux sociétés nord-africaines, à rebours des tendances essentialistes.