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Durant des siècles, il était convenu que le savoir académique était réservé aux seuls hommes, tandis que le savoir empirique, celui des acquis et des gestes façonnés par les croyances et les usages, revenait aux femmes. Toutefois, dès le Moyen Âge, des clercs cherchent à s'initier aux compétences pratiques, celles qui ont traversé le temps à l'abri des étables, des champs, des ateliers, et surtout des chambres des dames, cependant que des femmes s'efforcent d'accéder à la culture livresque. Par la suite, à l'aube de la Renaissance, tandis que l'ancien équilibre vacille, se pose la question de la place de l'humain dans l'univers et des frontières du monde connu. Les bûchers qui s'allument alors constituent une réponse angoissée au conflit opposant science et magie, découverte et tradition, mais aussi masculin et féminin. Depuis lors, même si l'accès au savoir et la nature du savoir ne semblent plus dépendre du genre, les convulsions qui jalonnent l'Histoire disent assez l'âpre confrontation entre les diverses conceptions de la connaissance qui ne parviendront jamais vraiment à s'harmoniser. Dans cet ouvrage riche de nombreux exemples, s'appuyant surtout sur la littérature, Karin Ueltschi nous conte l'une des plus belles aventures de l'humanité, que nous n'avons pas fini d'écrire.