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Le IVè siècle peut être regardé comme le véritable point de partage entre l’antiquité et les temps nouveaux. C’est le moment où le christianisme, monté sur le trône impérial, armé de la puissance politique, devenu religion d’état, a consommé sa lente victoire, et en dépit de sourdes ou violentes résistances, a fixé les destinées du monde. Le concile de Nicée, pour mettre fin à toutes les incertitudes et aux inévitables oscillations de la raison flottant entre tant de cultes et de sectes, arrête avec une rare précision un symbole qui s’imposera sans conteste à tout l’Occident pendant des siècles. Il n’y a pas eu dans l’histoire de changement plus durable, car malgré quelques accidents historiques tels que la réforme, qui n’a pas rompu la chaîne des traditions, la société moderne et contemporaine tient encore par mille liens visibles et invisibles au grand événement qui s’est accompli sous le règne de Constantin. Si Constantin eut un songe merveilleux après lequel il s’est voué à son Dieu, Julien fera naturellement et sans malice l’inverse. Il en aura un semblable avant de se consacrer aux siens. Ni l’un ni l’autre n’étaient des imposteurs, mais leur imagination, exaspérée par la lutte, le péril et l’ardent esprit du temps, voyait ce qu’elle avait intérêt à voir pour la défense de la cause sacrée. La foi, non la politique, égara Julien. Il fut la victime d’une passion religieuse. L’histoire se montrerait peut-être équitable, si elle cessait de flétrir Julien du nom d’apostat. On pourrait facilement soutenir qu’il n’a jamais été chrétien que par contrainte, et qu’il avait plus que tout autre des motifs pour ne pas goûter les enseignements du christianisme, qui lui furent imposés par son terrible tuteur, l’empereur chrétien Constance, le meurtrier de toute sa famille.