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Quand nous jetons les yeux sur le monde au milieu duquel l’homme s’agite, il semble bien au premier abord que tout ce qui vit, la plante, l’animal, même toute partie de ce qui vit, une feuille, un os, a une forme définie dans ses contours, si bien que nous sommes naturellement conduits à voir dans la forme des êtres organisés un attribut essentiel de la vie. Au contraire, les gaz qui s’épandent à l’infini, les liquides moulés sur les parois du vase qui en arrêtent l’écoulement, les roches, taillées de mille façons sans cesser d’être la même roche, nous montrent le monde inorganique affranchi presque tout entier de la fatalité de la forme…L’être vivant considéré en lui-même, indépendamment de ceux dont il dérive et de ceux qui dériveront de lui, est à sa façon, dans la plupart des cas, car il y a des exceptions, une sorte d’atome, un tout indivisible. De là cette dénomination très juste d’individu, passée de la philosophie grecque dans la scolastique et par elle dans le langage courant pour désigner l’être doué de vie. Ce que nous appelons espèce en parlant des plantes ou des animaux n’est, en définitive, que le groupement fait par notre esprit de tous les individus vivants offrant sensiblement la même forme et que nous sommes fondés par empirisme à croire tous unis dans une parenté commune. Mais si la forme nous apparaît comme un attribut essentiel de la vie, elle ne peut cependant servir à la caractériser, puisqu’il existe aussi des corps qui sont des individus, dans le monde inorganique. Les planètes, les anneaux de Saturne sont des exemples qui viennent aussitôt à l’esprit. On pourra ranger dans la même catégorie les comètes et les tores de fumée qui sont aussi des individus, qui cessent d’être par le fait même de leur division ou de leur dissociation. La forme ne suffit donc pas à caractériser l’individu vivant. Voyons si les traits généraux et l’aspect extérieur des êtres organisés, plantes ou animaux, ne vont pas nous offrir des signes qui les distinguent des corps purement minéraux.