Prix public : 11,90 €
Tous les peuples qui parlent une langue indo-européenne ont un fond commun d'idées et d'institutions. Il existe, non pas simplement des faits isolés, mais des systèmes complexes et solidaires qui, sans être limités a un organisme politique déterminé, sont pourtant localisables dans le temps et dans l'espace. A ces systèmes de faits, qui ont leur unité, leur manière d'être propre, il convient de donner un nom spécial : celui de civilisation nous paraît le mieux approprié. Sans doute, toute civilisation est susceptible de se nationaliser ; elle prend, à l'intérieur de chaque peuple, de chaque État, des caractères particuliers. Mais les éléments les plus essentiels qui la constituent ne sont la chose ni d'un État ni d'un peuple ; ils débordent les frontières, soit qu'ils se répandent, à partir des foyers déterminés par une puissance d'expansion qui leur est propre, soit qu'ils résultent des rapports qui s'établissent entre sociétés différentes et soient leur œuvre commune. Il y a une civilisation chrétienne qui, tout en ayant divers centres, a été élaborée par tous les peuples chrétiens. Il y a une civilisation méditerranéenne qui a été commune à tous les peuples qui bordent le littoral méditerranéen. Il y a une civilisation de l'Amérique nord-occidentale, commune aux Tlinkit, aux Tsimshian, aux Haida, bien qu'ils parlent des langues de familles diverses, qu'ils aient des coutumes différentes, etc. Une civilisation constitue une sorte de milieu moral dans lequel sont plongées un certain nombre de nations et dont chaque culture nationale n'est qu'une forme particulière.