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La Fontaine disait autrefois : « Si Peau-d’Âne m’était conté, j’en aurais un plaisir extrême. » M. Max Müller dit aujourd’hui : « Les nouvelles ont pris une des premières places dans les études qui font connaître le passé du genre humain. » Ces deux phrases montrent bien la différence entre les poètes du bon siècle et les érudits du nôtre ; les premiers allaient chercher leur plaisir dans les contes de fées, les seconds y vont chercher des documents. Voltaire lui-même, qui avait tant de bon sens, regrettait les démons et les farfadets et s’écriait avec un soupir : « Oh ! le bon temps que celui de ces fables ! » Luther n’aurait pas donné pour un trésor les histoires merveilleuses qu’on lui avait racontées dans son enfance, et tous ces hommes, plus jeunes que nous et par conséquent plus sages, ne cherchaient dans les contes d’enfants que des contes d’enfants. En Italie, Straparole les recueillait dans ses Nuits facétieuses, et le Napolitain Basile, dans son Pentamerone, plus connu en Allemagne qu’à Naples même, avait tâché de noter non-seulement les narrations populaires, mais encore le dialecte de son pays. Avant d’être conquis par les Allemands, Basile fut pillé par Gozzi, Lippi, Wieland, peut-être même par notre Perrault ; mais ce dernier point n’est pas établi encore. Un évêque de Bisceglie, monseigneur Pompeo Sarnelli, ne dédaigna pas d’écrire en napolitain une Posillicheide dans laquelle il rapporta cinq nouvelles racontées après un souper, sur la colline de Pausilippe, par quatre petites paysannes et leur mère, avec beaucoup de vivacité et de naturel. Jusqu’alors et longtemps après, on ne recueillait ces historiettes que pour s’amuser…