Prix public : 32,00 €
L'actualité nous le rappelle : l'une des spécificités des conflits des XXe-XXIe siècles est de faire des civils des cibles à part entière. L'enjeu de ce livre est d'articuler le point de vue des enfants à celui des adultes, c'est-à-dire l'expérience enfantine de la guerre vis-à-vis des discours et injonctions émanant des adultes, des États en temps de conflits. À la question " que fait la guerre aux enfants ? ", la réponse paraît évidente : du mal. L'enjeu de ce livre et de l'exposition qu'il accompagne est d'accepter d'aller plus loin que l'évidence première, en dépassant le seul statut de victime. En d'autres termes, de complexifier l'analyse en réfléchissant aussi à ce que le temps de guerre peut représenter, pour certains enfants et adolescents, en termes d'opportunité, d'émancipation, de capacité d'action. En un mot : montrer que la guerre n'est pas traumatisante en soi, en soulignant la diversité des expériences enfantines, et en donnant du même coup leur juste place aux expériences traumatiques et paroxystiques. L'ouvrage se décline en trois parties principales correspondant à trois invariants des expériences de guerre enfantines du début du XXe siècle jusqu'à nos jours : endoctriner, expérimenter et cibler. " Endoctriner " revient sur les différents processus d'endoctrinement auxquels sont soumis les enfants, de la Grande guerre à celle menée par l'État islamique, et à la réception qu'ils ont pu en faire, de l'adhésion au refus, de l'indifférence à la résistance. La partie " Expérimenter " s'attache à revenir sur la vie quotidienne en temps de guerre du point de vue des enfants, plus particulièrement aux différents bouleversements qu'ils peuvent subir, familiaux, matériels et émotionnels. En effet, les enfants en tant que civils deviennent des cibles de guerre au XXe siècle. À ce titre, ils expérimentent de multiples formes de violence de guerre : les bombardements, la présence de forces armées, les déplacements forcés, mais aussi la faim et les pénuries. " Cibler " est consacrée aux processus génocidaires au cours desquels les enfants sont particulièrement ciblés, avec les cas du génocide arménien, de la Shoah et du Rwanda. En effet, les génocides, en marge des guerres, inaugurent une autre forme d'atteinte aux enfants, cette fois-ci non pas en tant que civils mais en tant qu'enfants. En conclusion, un texte de l'historien Bruno Cabanes sur le lent avènement de l'enfant comme sujet de droit en temps de guerre. Rassemblant les meilleur·es historien·nes, à commencer par Manon Pignot elle-même comme directrice d'ouvrage, l'iconographie, reposant essentiellement sur les riches collections de La contemporaine, mobilise autant les sources institutionnelles et culturelles que les productions émanant des enfants eux-mêmes : des objets (jeux, jouets, vêtements...), des photographies, des dessins, des albums familiaux, des affiches, des publications périodiques, des livres pour enfants et, dans une moindre mesure, des archives écrites (tracts, documents internes d'organisations caritatives et humanitaires).