Prix public : 13,00 €
Poème tragique sur le pouvoir destructeur de la beauté, Norma Jeane Baker de Troie, d’après Hélène d’Euripide, superpose deux figures mythiques, Hélène de Troie et Marilyn Monroe, née Norma Jeane Baker, un seul et même destin entre la cité antique et New York. Hélène et Marilyn, soeurs jumelles unies par une force mytho-poétique, icones de beauté, objets de fascination et destin unique malgré les quelques milliers d’années qui les séparent. Démultipliant les avatars et les effets d’illusion ou usurpation d’identités, Norma Jeane (alias Marilyn Monroe) prend aussi l’apparence de Truman Capote, écrivain et cinéaste américain aux milles excès, ultime superposition et mise en abyme de l’homme créateur et de sa créature, en pleine écriture d’un scénario qu’il « tente de sauver du mélodrame ». Son mari Arthur (on pense à l’écrivain Arthur Miller avec lequel Marilyn fut mariée de nombreuses années), devient sous la plume incisive de Carson, roi de Sparte et de New York, « un homme qui croit à la guerre ». Dans la version d’Euripide dont s’inspire Anne Carson, Hélène n’a jamais été à Troie, Paris n’a enlevé qu’un nuage qui avait l’apparence d’Hélène. C’est donc pour un nuage, une illusion, que se battent avec sauvagerie Grecs et Troyens pendant des années. Une pièce aux accents lyriques, entrechoquant simulacre et beauté, qui s’offre en sacrifice sur l’autel de l’art occidental. Les entrées et sorties de Norma Jeane sont entrecoupées d’entrées du dictionnaire grec présentées comme des leçons d’histoire de la guerre, où sont redéfinis des mots du lexique guerrier, signifiant image/ idole, blessure, rapt, esclavage, concubine, stratagème/duplicité, barbare/étranger, opportunité/moment opportun, quelqu’un/personne, proposant de manière radicalement ironique des mises en contexte ou études de cas de ces termes dans l’histoire de la littérature.