Prix public : 9,70 €
Avec son livre Soleils de poètes, Armelle Dupiat Aellen ose affronter la question la plus redoutable : Quid de la poésie ? Comment en fait-on ? Le défi sent le gouffre. Si j’avais croisé Armelle avant qu’elle cède à la tentation, j’aurais usé de conseils dissuasifs : « Calme-toi. Tiens, prends un petit gâteau avec ta tisane. Tu sais, cette question a fait reculer plus d'un penseur aguerri de crainte d’être réducteur ! Ce projet court le ridicule. Oui, tu es une poète en écrivant de la poésie, mais vouloir l’expliquer et créer des vocations... » Mais l'auteure a du caractère. Et un rare courage. Mieux : elle répond à ces questions avec une généreuse clarté que mettent en relief son humilité et une épatante profondeur. Cette poète sait rendre luminescentes les ambivalences et les énigmes de l’Obscur. Elle offre là un travail philosophique accessible à tous. Celui qui manquait. L'air de rien, elle accomplit une autre performance en révélant comment entrer en poésie et s'y déployer pleinement. Pratiques et secrets à l'appui ! Ses mots et les confidences des nombreux poètes qu’elle interroge nous font découvrir que la poésie est un jeu d'émerveillement et de curiosité qui, dans la conquête de l'expressivité, contribue à la construction de soi. Ce livre nous ouvre au courage et à l'intensité des pensées. On y apprend à renouer et s'amuser avec l'autre, avec les émotions et la musicalité des mots. Les syllabes, il est bon de le rappeler, sont des touches de piano, des peaux de tam-tam, des cordes de harpe. La poésie nous ouvre à la liberté de vivre, de sentir et de réfléchir. D’épouser la conscience sensible qui en fait le prix irréductible. La poésie, plus que jamais, nous jette le défi de hululer, de rugir, miauler, goûter chaque chose et chaque émotions. Elle est aventureuse, randonneuse, acrobate, griffonneuse. Elle nous rend la santé, plus vivants et rêveurs que toutes les drogues ! Roger Lenglet