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Un lecteur superficiel prendra Saint-Martin pour un apôtre rétrograde de la théocratie et c'est sans doute ce qui fait qu'il soit de nos jours encore si méconnu. Comme Bossuet, Saint-Martin veut le règne de Dieu. Mais quelle différence entre l'évêque et le théosophe! La conception du théosophe n'est pas politique, elle est mystique, et la "théocratie" supposée de Saint-Martin ne s'accommode d'aucun clergé! À le lire attentivement, on comprend que c'est pour «le rétablissement du rapport primitif de Dieu et de l'homme» que plaide Saint-Martin, une «soumission pure et entière de la pensée humaine à la pensée divine, de la loi humaine à la loi divine». «Sans doute, sa politique, qui est tout d'une pièce, c'est la religion; mais sa religion n'est pas la théocratie, c'est la théosophie la plus abstraite à laquelle il soit possible à l'intelligence humaine de se porter. Pour parler son langage, disons plutôt, c'est la spéculation la plus haute à laquelle il soit possible à l'intelligence divine de porter l'intelligence humaine; car c'est là sa théorie (Matter).» Il s'est surtout fait méconnaître comme écrivain politique par la Lettre et par l'Éclair. On l'a pris en 1793 et en 1797 pour un défenseur arriéré et pour un apôtre malavisé d'une théocratie proscrite par l'expérience ou engloutie par le torrent du siècle. Avec la Lettre à un ami ou considérations politiques, philosophiques et religieuses sur la Révolution française, c'est l'Éclair sur l'association humaine, qui fait le mieux connaître Louis-Claude de Saint-Martin.