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Monthermé, 17 mai 1445. La petite ville des Ardennes s’est paisiblement endormie, confortablement blottie dans un méandre de la Meuse. Soudain, au milieu de la nuit, une troupe de guerriers fait irruption au son de leurs trompettes : « Ville gaingniée ! », « Tue ! Tue ! Tuons tout ! », hurlent-ils. Ils forcent portes et fenêtres, faisant irruption dans les habitations pour s’emparer de tous les objets de valeur qu’ils trouvent. Capturant leurs occupants, ils les mettent à rançon et, pour faire accélérer le paiement, les torturent. Gilesson Raigniel, « ung jeune enfant aagé de dix ans ou environ », est pendu dans le conduit de la cheminée jusqu’à ce que ses parents leur donnent douze francs. Girard Teteig, âgé d’environ cent ans, est attaché à la queue d’un cheval et traîné dans les rues de la ville, tandis que ses tortionnaires crient « Avant ! Avant, viellart ! » avant de l’égorger.
Ce déferlement de violence n’est qu’un épisode de la dernière chevauchée qui a ravagé le comté de Rethel et la châtellenie de Château-Regnault, la dernière d’une longue séquence de dix ans que les contemporains appellent « écorcherie ». Ce terme d’« écorcheurs » issu du domaine de la boucherie, est suffisamment évocateur pour qu’il ne soit besoin de souligner que les violences décrites ci-dessus sont, chez eux, habituelle.
Au coeur d’un royaume de France déchiré par la lutte contre les Anglais et les Bourguignons, des capitaines comme Rodrigue de Villandrando, Poton de Xaintrailles,ou Étienne de Vignolles, dit La Hire se livrent à un pillage en règle de populations déjà fragilisées par la guerre. Ce livre retrace leur histoire.